INVASION DE L’ARMÉE RUSSE EN UKRAINE

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Éditorial

Débordés et pressés, mais heureux?

Mihai Claudiu Cristea

La ville de Québec et sa région ont vu grandir leur population durant les dernières années en raison d’une forte augmentation du nombre d’immigrants. Selon l'Institut de la statistique du Québec, cité le 7 octobre dernier par Radio-Canada, la région de Québec connaîtra dans les 25 prochaines années le plus grand boom démographique de toutes les régions québécoises pour atteindre 990 600 personnes en 2051, une augmentation de 29,9 %, soit 227 900 personnes de plus que présentement. Visiblement, ni Québec, ni Lévis, ni les autres villes de la région de la Capitale-Nationale ne sont prêtes actuellement à accueillir de manière décente autant de nouveaux citoyens en matière de logements, de services de santé ou d’éducation.

Au-delà des difficultés rencontrées par les nouveaux arrivants à la recherche d’un logement abordable, Québec, la ville centre de notre région, est en train de perdre son caractère de ville calme et paisible d’il y a 15 ou 20 ans. Les gens qui l’habitent sont de plus en plus agités. Aux heures de pointe, ses routes (généralement en très mauvais état) et ses autoroutes donnent des maux de tête aux automobilistes et laissent place à l’impatience et à la nervosité.

Il y a plus d’une dizaine d’années, toujours dans ce coin de page, je faisais le constat que les vendredis soir, sur les autoroutes de Québec, le nombre de conducteurs capables de provoquer un accident à cause de leur conduite irresponsable à haute vitesse augmentait en flèche. Ce phénomène, dont la Sûreté du Québec est sans doute au courant, est tout aussi présent aujourd’hui sinon plus. Il me fait souvent penser à la troublante chanson «L’Amérique pleure» du groupe Les Cowboys Fringants qui évoque une marée de voitures où «Chacun son tour joue du klaxon / Tellement pressé d’aller nulle part». Surtout depuis que je vis sur la Côte-de-Beaupré et que je fais régulièrement la navette en auto entre Saint-Ferréol-les-Neiges et Québec, je me demande moi aussi, plus souvent que jamais, comme le regretté musicien Karl Tremblay, «où s’en vont tous ces gens». Si j’avais un pouvoir magique pour me transformer en policier une journée par semaine, les vendredis, j’aimerais les arrêter dans leur course folle pour leur demander quelle urgence les pousse à suivre dangereusement d’aussi près ceux et celles qui (comme moi) respectent la vitesse légale. Et leur donner les pires amendes légales qui existent au Québec...

Toujours « dans le jus »...

Nous courons du matin au soir après une vie meilleure et plus confortable, un emploi mieux payé, une voiture fiable ou la maison de nos rêves. Parfois, on arrive à posséder tout cela et on réalise que nous ne sommes pas du tout heureux... (Photo: Ilie Gheorghita)
Au Québec, nous entendons nos semblables nous dire qu’ils sont «dans le jus» ou débordés. J’ai demandé récemment à une chère partenaire de notre publication, qui fait assez souvent des heures supplémentaires, et qui m’a confié à plusieurs reprises être «vraiment débordée», si elle était aussi heureuse. Après y avoir pensé deux secondes, surprise par la question, elle m’a répondu avec un large sourire: «Je n’ai pas le temps d’y penser». Je crois que c’est malheureusement assez symptomatique de ce que vivent la plupart d’entre nous en sol québécois.

Nous courons du matin au soir (et parfois la nuit) après une vie meilleure et plus confortable, un emploi mieux payé, une voiture fiable, une aubaine du «vendredi fou» ou encore après le condo ou la maison de nos rêves. Parfois, on arrive à posséder tout cela et on réalise que nous ne sommes pas du tout heureux. Peut-être parce que dans toute cette course vers le bonheur standardisé, nous avons laissé trop peu de place et de temps aux sentiments, à notre corps, à l’amour et à nos proches.

Il semble que la plupart des gens qui se trouvent dans l’anti- chambre de la mort disent regretter d’avoir passé trop peu de temps avec leurs familles. Alors, à quoi bon courir comme des poules ou des coqs sans tête? Joyeux Noël et bonne année 2025!

Article publié dans le numéro de décembre 2024.