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TREMBLEMENTS DE TERRE EN TURQUIE ET EN SYRIE — solidaires avec les familles des victimes —

«Le Québec me donne des ailes…»

Entrevue exclusive avec la chanteuse LYNDA THALIE

Lynda Thalie a quitté l’Algérie de ses racines à l’âge de 16 ans, en laissant derrière elle les palmiers, la mer, son Sahara, mais aussi son hijab, porté à contre-cœur semble-t-il. Elle ne veut pas qu’on parle de cela, probablement pour ne pas blesser les femmes musulmanes qui le portent par conviction. Aujourd’hui, la chanteuse Lynda Thalie, qui a réussi à faire sa place dans l’industrie du spectacle québécois, est un modèle d’émancipation pour de nombreuses femmes québécoises de toutes origines. De passage à Québec, lors de la Foire de la diversité, la belle Lynda Thalie a pris le temps de nous parler de sa vie au Québec.

- Votre nouvel album s’appelle «La rose des sables». Est-ce que la rose des sables, c’est vous?

«Je ne me vois nulle part ailleurs que là où je me trouve aujourd’hui.» (Photo: Martin Tremblay)
- La Rose des sables est LA femme à mes yeux. Moi oui, mais toutes les autres femmes aussi. La trouver sous le sable du désert est un art. Cette pierre «précieuse» se complexifie et s’embellit avec le temps, elle est façonnée par le vent et l’eau, tout comme une femme est façonnée par la vie et l’amour.

- Parlez-nous un peu du contenu de ce nouvel album…

- L’album «La rose des sables» est sorti le 23 septembre 2008 et c’est un mélange de sonorités très méditerranéennes et d’Amérique du Nord. C’est mon troisième album et je vais commencer avec lui ma tournée au Québec le 18 février 2009 au Grand Théâtre de Québec.

- Vous êtes belle et vous avez beaucoup de talent. Mais est-ce que cela suffit pour réussir dans le monde artistique québécois quand on est née en Algérie?

- Je ne sais pas ce qu’il faut vraiment pour réussir. Je peux vous dire par contre que moi et mon gérant nous avons travaillé d’arrache-pied. Il n’y a rien, mais rien du tout, qui est servi sur un plateau d’argent ou d’or à quiconque, qu’on soit né ici ou ailleurs. C’est un métier qui est compliqué, où il faut s’acharner. Il faut avoir une énorme passion pour l’art pour arriver un jour à vivre de cela.

Touchée par les préjugés envers les immigrants

- Vous vivez au Québec depuis 14 ans. Est-ce qu’on vous a fait parfois la vie amère à cause de vos racines, à cause de votre origine algérienne?

- Des petits préjugés par-ci par-là, mais des préjugés tout le monde en a, même si on s’en cache. Moi je pense que si on continue à faire notre travail du mieux qu’on peut avec le plus d’authenticité possible et en étant droit et honnête envers nous-mêmes et envers les autres, j’ai l’impression que les gens n’auront pas d’autre choix que de reconnaître nos qualités.

- Est-ce que cette question vous affecte? Je vous sens un peu touchée…

- Oui, cela me touche parce que je sais qu’il y a des gens comme nous qui arrivent d’ailleurs et qui ont énormément de difficultés et qui se retrouvent à conduire des taxis même s’ils ont été formés pour autre chose. Ils font face à des préjugés à cause de leur nom… C’est sûr que cela me touche, ça me bouleverse. Je trouve que cela n’est pas juste. Mais malgré tout, avec le temps on va y arriver. Pour ma part, j’ai eu un travail de défrichage à faire parce que j’ai été la première femme maghrébine à faire ce métier au Québec.

Militante pour les droits des femmes?

- Vous avez quitté l’Algérie pour choisir le Québec et sa liberté. Aujourd’hui, vous êtes un modèle d’émancipation pour de nombreuses femmes québécoises de toutes origines. Dans quelle mesure peut-on vous considérer comme une militante pour les droits des femmes?

- Ce sont mes parents qui ont choisi le Québec et j’en suis bien contente. Aujourd’hui, de par ma carrière, j’ai l’opportunité d’écrire sur les sujets qui m’interpellent. La femme est un sujet inépuisable non seulement par sa beauté et l’amour qu’elle dégage, mais aussi du fait de l’inégalité persistante de sa condition. Au Québec, par exemple, à compétences égales, à responsabilités égales, parfois le salaire de la femme est moindre. Ailleurs dans le monde, les problèmes sont différents et beaucoup plus grands. Je ne me considère pas comme une militante, mais comme une voix qui s’élève parce qu’elle est souvent portée par un micro, par la radio et la télévision.

- Advenant le choix de ne pas quitter le pays d’origine, quelle carrière aurait suivie Lynda Thalie si elle était restée en Algérie? Enseignante, hôtesse de l’air, médecin ou toujours chanteuse?

- Je ne me vois nulle part ailleurs que là où je me trouve aujourd’hui. Je ne peux pas m’imaginer en faisant autre chose que le métier d’auteur-compositeur-interprète.

- Peut-on dire que votre force artistique vient de l’Algérie?

- J’ai l’impression que oui, j’ai une certaine force qui vient de l’Algérie, mais j’ai une force aussi qui vient d’ici, du Québec, une force qui me donne des ailes.

Entrevue réalisée par Mihai Claudiu CRISTEA / Article publié dans le numéro d'octobre 2008.