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Éditorial

Des graines étrangères en terre québécoise

Mihai Claudiu Cristea

Heureusement, l’hiver fut moins dur que celui de l’année passée. Le gars au tracteur orange que j’ai payé en février pour déneiger mon entrée d’auto doit être très content car il n’a pas eu grand-chose à faire. Derrière ma première maison à Québec, qui est loin d’être aussi solide que celle du troisième petit cochon (comme le croit parfois mon garçon de cinq ans), la neige a fait place à mes rêves de cultivateur. Même si je n’ai pas un terrain plus grand que trois autobus stationnés côte à côte, j’espère faire pousser au moins autant de légumes que dans mon pays, à Timisoara, sinon plus. Surtout des tomates, mais aussi des concombres et des pommes de terre. Mes enfants et mon épouse veulent des framboises, des fraises et des mûres...

Dans une vieille valise verte, une des quatre avec lesquelles j’ai atterri au Québec en 2001, je possède un petit trésor. Ce sont des graines de toutes sortes. J’ai deux types de radis et de salade, quatre de tomates, trois de concombres, un de cantaloup, deux de melon d’eau et un de carottes et de persil. La plupart sont roumaines, quelques-unes hongroises. J’ai acheté celles d’oignons, d’ail et de pommes de terre à Québec. En les regardant, appétissantes dans leurs pochettes multicolores, je réalise que c’est une des choses qui me manquaient le plus depuis presque huit ans au Québec. Un jardin à moi. Je me souviens avoir eu une petite tentative qui a échoué lamentablement faute d’espace et de soleil sur mon balcon dans Montcalm.

Ceux qui vivent à Québec depuis une vingtaine d’années disent qu’après l’achat de la première maison, le premier jardin est probablement l’étape la plus importante dans la vie d’un immigrant. Selon eux, la relation avec la nouvelle terre, choisie pour mieux vivre, devient par la suite plus forte, plus profonde. Je ne sais pas si je vais voir cette année pousser autant de tomates que j’en avais en Roumanie. Probablement que non, et cela n’a pas de rapport avec les graines étrangères de ma valise d’immigrant. Je suis inquiet même pour les patates du Québec. La terre dont j’ai hérité derrière ma maison est excessivement sablonneuse et pleine de pierres. Même mélangée avec de la bonne terre, achetée au supermarché, le résultat est presque nul. Le sable «mange» visiblement la terre. Mais c’est probablement symbolique. Pour un immigrant, ce n’est jamais facile.

Un jour peut-être, quand je serai dans les étoiles, ma fille, Iulia, ou mon garçon, Julien, planteront ici, à Québec, en cette terre apparemment hostile que leur père et leur mère ont choisie pour eux, un oranger capable de défier l’hiver…

Article publié dans le numéro de mai 2009.