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L’accent québécois aide-t-il à mieux s’intégrer au Québec?

Notre enquête ne fait pas référence seulement à l’accent québécois, mais aussi au parler québécois. Par exemple, le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad, immigrant de première génération, parle aujourd’hui, une trentaine d’années après son arrivée, un français plutôt québécois qu’international. Et ça marche…

On demande souvent à l’immigrant de faire des efforts pour s’intégrer à la société d’accueil. Or si l’intégration passe par l’emploi, pour occuper cet emploi il faut connaître la langue du lieu qui, au Québec et surtout à Québec, est le français ou plus précisément le français québécois. Se pourrait-il que l’accent québécois et le parler québécois soient fortement à conseiller pour l’immigrant afin de faciliter son intégration? Sera-t-il accepté plus vite par la société sans arrière-pensée ni discrimination?

Deux immigrantes de Québec, fières de leur accent d’origine. (Photo: LIC)

«C’est une façon de perdre son identité…»

Selon Gilles Pellerin, écrivain et professeur de littérature québécoise au Cégep Garneau, il n’y a aucun rapport entre l’accent et l’intégration des immigrants au Québec. «L’accent n’est pas à rejeter certes, mais il ne faut pas perdre son accent aux dépens d’un autre. Peu importe d’où l’on vient, on devrait toujours garder la fierté de son accent», nous a déclaré M. Pellerin. Il croit également que «l’étranger et le Québécois ont un rôle égal à jouer, s’intégrer mutuellement sans que l’un d’eux se perde dans l’autre.» Par contre, il y a une chose que l’on ne doit pas négliger quant à Gilles Pellerin: la langue française. «Centrer ses énergies sur un accent plutôt que sur la langue est une façon, plus ou moins inconsciente, de perdre son identité et ses origines. Croire qu’on est intégré au Québec parce qu’on a l’accent québécois est faux. Il doit être utilisé avec spontanéité plutôt qu’en faire l’usage d’une stratégie d’intégration.», renchérit M. Pellerin.

«Il faut être fier de la façon dont on parle»

Contacté par Les immigrants de la Capitale, Benoît Songa, directeur général du Centre R.I.R.E. 2000, nous offre d’abord un petit sourire en coin. Et puis il répond sans détour, car il sait bien ce qu’est l’intégration pour l’avoir vécue lui-même: «On n’a pas besoin d’accent pour s’intégrer. L’intégration est une question de détermination. Il faut être fier de ce que l’on est, de la façon dont on parle. Il faut être fier de sa couleur de peau. Il est nécessaire par contre de faire un travail sur soi pour s’intégrer dans n’importe quelle société. Il faut de l’ouverture, de la discipline et de la confiance en soi.»

«À l’immigrant de sortir de sa zone de confort…»

Mme Christine Garcia, directrice du Centre d’éducation des adultes des Découvreurs, qui reçoit annuellement des centaines d’immigrants dans les cours de francisation, est d’avis que l’accent québécois pourrait être comme une voie vers l’intégration, évidemment pas la seule: «Il y a des immigrants qui passent dix ans sur la terre d’accueil sans qu’ils ne soient capables d’aligner cinq mots en français. Il faut comprendre qu’il appartient aussi à l’immigrant de sortir de sa zone de confort et de communiquer avec les Québécois. La clé pour y arriver c’est la communication. (…) Il faut briser ces murs qui créent des barrières…»

«L’accent importe peu. Il faut parler français.»

Prochain arrêt chez M. Sylvain Rossignol, responsable du programme de francisation au Cégep de Sainte-Foy. «Vous me demandez si l’accent québécois permet à l’immigrant de s’intégrer? À ce genre de question, je réponds toujours par l’analogie de la pomme. Peu importe la couleur de la pomme, qu’elle soit verte ou rouge, séparez-la en deux et vous verrez que les cœurs se ressemblent.» Dans ce sens, dit M. Rossignol, «l’immigrant doit oublier sa différence et apprendre le français comme il faut, ce qui lui permettra de nouer des contacts avec les Québécois. L’accent importe peu. Il faut parler français. Point», conclut M. Rossignol.

«Parler québécois, cela peut aider»

À la fin, nous parlons à M. Babakar-Pierre Touré, directeur général du SOIIT, qui habite Québec depuis une trentaine d’années: «L’accent appartient à l’individu. On ne peut pas changer facilement un accent. Si on fait référence au parler québécois, je dis pourquoi pas? Évidemment je ne parle pas ici de sacres. Parler québécois, cela peut aider. Parce que pour bien se faire comprendre il faut utiliser la terminologie des gens du pays où l’on est. Cela peut créer une certaine sympathie. Mais jamais un immigrant de première génération ne sera capable d’adopter un vrai accent. C’est impossible. Et si ce n’est pas impossible, c’est ridicule de se forcer avec un accent qui n’est pas le nôtre.» M. Touré croit en revanche que pour nos enfants, nos jeunes de deuxième génération, c’est autre chose, l’accent québécois est tout à fait naturel.

Enquête réalisée par Sherman SEZIBERA et Mihai Claudiu CRISTEA / Article publié dans le numéro de mai 2009.